C’est en décembre 2001, en sortant d’une entrevue télé que Charlotte Laurier comprend qu’elle vient de jouer à un jeu trop cruel pour elle. Un mois plus tard, elle commence l’écriture d’Autopsie femme. L’entrevue ne sera jamais diffusée.
Autopsie femme est une pièce en mosaïque à cinq personnages féminins où les rapports de force sont en relief. Le moteur de la pièce, une entrevue, le personnage de Nina Malachenko (Charlotte Laurier), actrice excentrique et instinctivement protectrice de son jardin secret, se heurte à des questions intrusives de Vicky Clairol, animatrice branchée et intellectuelle interprétée par Julie Vincent.

En parallèle, Angie (Joëlle Morin), une prostituée au destin tragique devenue le sujet d’un documentaire, confrontera Alex (Marie Charlebois), la réalisatrice, qui fasciné par son sujet sera amené à se questionner elle-même et à voir ses propres limites.
Autopsie femme est une danse entre le réel et l’irréel, une autopsie de l’observateur et de l’observé, de l’émotion irrationnelle et du soi-disant raisonné. C’est une réflexion sur les médias et la nature des êtres, sur le désir d’être immortel et de tout détruire avec toute la complexité et l’ambiguïté de chacun.
Pour la présentation de sa deuxième pièce de théâtre, Charlotte Laurier a profité du programme de résidence de recherche et de création à la SAT. Ce haut lieu de la culture numérique à Montréal lui donne l’opportunité d’explorer les différents rapports entre le spectateur et l’acteur. À l’aide d’images préenregistrées et filmées en direct, les gens présents dans la salle seront amenés à ressentir différents niveaux d’intimité avec les personnages. Les vitrines donnant sur le “red-light” et les immenses colonnes de béton serviront de décor à cette oeuvre qui s’inspire de différentes formes d’expressions comme le cinéma, le documentaire, la télévision . L’auteure-compositeure Ève Cournoyer créera les ambiances sonores et la musique de cette expérience unique. Frédéric Page, qui avait participé à Capharnaüm à titre de scénographe, agira comme metteur en scène avec Charlotte Laurier.

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Charlotte Laurier
Auteure, actrice et metteure en scène
C’est à l’automne 78 dans Les Bons Débarras que Charlotte Laurier incarne, avec un instinct animal, l’inoubliable Manon. Enfant de Ducharme, elle devient enfant de la haute mer de Jules Supervielle dans une dramatique Nous n’irons plus au bois de J. Dormeyer. Entre poésie et rébellion, Charlotte Laurier s’inscrit et continue de grandir. Une rencontre fracassante viendra confirmer cette tendance. Jean-Claude Lauzon viendra la chercher pour jouer Linda au destin tragique dans Piwi. Plusieurs longs-métrages s’enchaînent, de Bonheur d’occasion de C.Fournier où elle joue Yvonne à Agnès dans la Dame en couleurs de C. Jutra.
À 18 ans Charlotte Laurier quitte Montréal pour Paris. Fascinée par le théâtre elle tente le conservatoire. Retenue au premier tour, mais non au 2e, elle s’inscrit à différents cours dont celui du café de la gare avec Jacqueline Ducque et à l’actor’s Studio. Un an plus tard, elle revient à Montréal et tourne avec Falardeau qui lui donne enfin la chance dans le Party de briser l’image de l’éternel enfant avec le rôle d’Alexandra une stripteaseuse. Elle enchaîne avec Forcier dans Une histoire inventée où elle joue Soledad au côté de Louise Marleau. Charlotte Laurier gagne en popularité et participe à des séries télévisées dont Scoop réalisé par Pierre Houle. Elle se retire à la campagne pour se consacrer à l’expression à l’état pur, elle touche à la peinture et à l’écriture. Elle tourne 2 secondes de Manon Briand. Jean-Denis Leduc de la Licorne lui donne sa chance, en présentant Capharnaüm sa première pièce originalement prévue pour le grand écran. Elle est charmée par le théâtre, Autopsie femme est sa deuxième oeuvre et pour la première fois elle interprétera un de ses personnages.
Frédéric Page
Metteur en scène, scénographe
En tant que concepteur visuel, il a toujours collaboré étroitement avec les metteurs en scène et les réalisateurs, la mise en scène est une étape toute naturelle dans son cheminement. De son premier long métrage pour la télévision, Soho de Jean Philippe Duval à sa première télé-série Hommes en Quarantaine de Stéphane Lapointe, de son premier long métrage sur grand écran, Quelque chose d’organique de Bertrand Bonnello à Rats and Rabbits de Lewis Furey, de sa première scénographie dans Quelques Humains de Marie Charlebois à Capharnaüm de Charlotte Laurier il a appris à donner et à vouloir de plus en plus…
Et c’est probablement par les bienfaits de ces collaborations que le metteur en scène en lui a pu vivre sa première expérience au côté de Charlotte Laurier dans Autopsie femme.
Julie Vincent
actrice, Vicky Clairol
Julie Vincent a reçu la Plaque d’or de la meilleure interprétation féminine au Festival international du film de Chigago, en 1979, pour son rôle de Suzanne dans Mourir à tue-tête d’Anne-Claire Poirier, a été lauréate du prix spécial du jury au Festival du Café-théâtre francophone d’Évry avec son spectacle Noir de monde qui fut également présenté off-Avignon en 1988. À Tokyo, elle a interprété Jeanne au bûcher d’Arthur Hoenneger sous la direction de Charles Dutoit avec la NHK, un rôle qu’elle tenu aussi au Carnegie Hall à New York et à Montréal avec l’OSM. Actrice polyvalente, on retrouve Julie Vincent au théâtre dans Ducharme, Garneau, Gauvreau, Molière, Shaw, Shakespeare et Tremblay. À la télévision, on peut la voir depuis quelques années dans Virginie. Julie Vincent enseigne régulièrement l’interprétation et l’improvisation à l’École nationale de théâtre du Canada depuis 20 ans.
Joëlle Morin
actrice, Angie
C’est en 1991 que Joëlle Morin fit ses premières armes à la télévision québécoise. La Roxane Blondeau de Victor Lévy-Beaulieu croisa alors l’existence de la Alex Dumoulin de Fabienne Larouche, tour à tour, pendant quatre ans, sur les plateaux de Montréal, P.Q. et de Scoop. Puis vint un personnage plus grand que nature; un cadeau dans la vie d’une jeune actrice lorsqu’elle interpréta le destin tragique de la chanteuse Alys Robi. Se succéderont par la suite les séries Les Grands Procès, Urgence et Paparazzi pour ne nommer que celles-là. La comédienne prête également vie à Cathie Laurendeau, la psychologue de l’émission Virginie, depuis 8 ans déjà… C’est pourtant avec Autopsie femme que Joëlle Morin fera ses premières armes sur scène. La seconde pièce de Charlotte Laurier sera sa première expérience professionnelle au théâtre suite à son départ du Conservatoire en ’91. Elle renouera ainsi les liens qu’elle tissa avec le monde interlope de VLB en donnant souffle à Angie, une prostituée aussi solide que brisée, qui déjouera la mort en trompant son destin…
Marie Charlebois
actrice, Alex
Femme de théâtre polyvalente et inspirée, Marie Charlebois passe avec un égal bonheur du jeu à la mise en scène. Cofondatrice du regroupement Les Éternels pigistes, elle a, entre autres, signé la mise en scène de deux de leurs spectacles, Quelques humains et Le Rire de la mer, dans lesquels elle a également joué. À titre de comédienne, elle a participé à quelques vingt pièces de théâtre, dont Mille feuilles (Théâtre d’aujourd’hui), Piège pour un homme seul(Théâtre de l’Escale), Les jumeaux vénitiens (Théâtre St Denis), et Bousille et les justes (Théâtre du Rideau Vert). Elle joue régulièrement à la télévision, notamment dans Tabou ,Les machos,Delirium,Le piège et À nous deux. En 2005 on la retrouvera au petit écran,dans La Promesse.
Ève Cournoyer
auteure-compositeur-interprète, ambiance sonore
Ève Cournoyer est une auteure-compositrice-interprète pourvue d’une solide expérience technique en studio. Elle touche à tout: l’écriture, la composition, le chant, l’arrangement, l’enregistrement, le bruitage et le mixage. Son album Sabot-de-Vénus sorti en octobre 2002 a permis au public de découvrir une poète authentique dotée d’un sens affûté de la mélodie. Musicalement, elle mélange les genres; il en ressort des pièces très urbaines et atypiques. Après une expérience de musique de film avec Le bonheur c’est une chanson triste de Francois Délisle, c’est au théâtre sous la plume de Charlotte Laurier que sa musique se fera entendre.
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