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TRANSAT(contamine)

Back on an exchange week…

Par Edouard Arnaud, assistant de projet SAT[création]

Le programme d’échanges artistiques entre la Société des arts technologiques de Montréal, et Transcultures de Mons, en Belgique, qui s’est tenu du 19 au 23 octobre 2009, a été l’occasion de croiser les connaissances et les envies des artistes prenant part au projet. Si bien que le rôle d’ « élèves » donné aux artistes belges qui découvraient le projet, s’est vite mélangé à celui de « professeur » dévolu aux artistes québécois Francis Théberge et Guillaume Bourassa, à l’origine de TRAME. La synergie qui s’est opérée au cours des échanges formels (workshops, performances) et informels (repas, autour d’un café…) entre les artistes a mené à un épanouissement de TRAME, et à toutes sortes de déformations, déconstructions, redéfinitions, pour un résultat nouveau et unique.

Compte-rendu

En effet, TRAME n’est pas un projet en soi, plutôt un concept basé sur un projet ouvert et offert à la recherche, aux expérimentations et aux artistes. C’est un procédé particulier de construction de performance audio et vidéo qui donne un type de résultats basés sur l’erreur et sa manipulation. C’est à l’issue de la première phase de cet échange, le vendredi 23 octobre 2009, que les artistes ont été conviés à faire part de leur aboutissement, de leurs découvertes au cours d’une performance commune. Cette performance de TRAME n’était pas synonyme de « résultat final probant », celui-ci étant prévu à l’issue des deux ans d’échanges, complétés par une publication présentant les échanges d’idées entre Philippe Franck et Monique Savoie sur la notion de « contamination positive » et les moyens à mettre en oeuvre pour l’enrichir davantage. A l’issue de la semaine d’échange, le public a donc assisté à un certain aboutissement, non définitif de l’expérimentation des artistes, à un certain degré d’appropriation de TRAME.

Le projet de « contamination positive » a permis de comprendre que l’appréhension du concept n’a pas été vécue de la même manière par tous les intervenants et que les problématiques ont été interprétées différemment selon les cultures propres à chacun. De fait, on constate entre autres, que la proposition initiale s’est vue questionnée et revisitée par les artistes belges. Ainsi, la suite du projet mettra en lumière l’évolution de cette thématique en fonction des désirs de chacun des artistes de s’impliquer tout en privilégiant leurs propres recherches.

L’esprit de « contamination positive » relatif à TRANSAT[contamine] repose donc sur l’évolution de chaque artiste dans une sphère différente, dans un mode de création qui lui est propre, et par là se pose comme moyen de leur permettre d’apporter leurs connaissances, leurs techniques, leur matériel et leur créativité afin de faire évoluer la proposition initiale par diverses expérimentations.
Au premier stade de la rencontre, praticiens de l’audio et praticiens de la vidéo expérimentaient dans leur propre domaine pour finalement se rassembler, échanger et découvrir de nouvelles pratiques : l’idée même de TRAME au demeurant.

Le voyage de Francis Théberge et Guillaume Bourassa en Belgique leur a permis de se confronter à des points de vue différents, à une autre culture et remettre en question de plusieurs façons le projet dans le contexte global de TRANSAT[contamine], et de revisiter en profondeur cette idée d’échange à la lumière des expériences de cette semaine.

Des machines, et des Hommes

TRANSAT[contamine] rapproche aussi deux organismes d’une sorte de contre-courant dans l’approche de la technologie, des médias et autres outils de création et de diffusion numériques, en opérant une gestion plus humaine, donc variable et aléatoire de la technologie. Ce sont aussi les apports, différents et complémentaires, de la part de ces deux organismes que sont la SAT et Transcultures qui donne sa particularité au projet. Les ponts qui ont été jetés entre les deux ouvrent la voie à un savant mélange de techniques, modes de fonctionnement, et donc à des dynamiques différentes dans la réalisation des objectifs et dans l’appréhension des enjeux : Transcultures peut être considéré comme un organisme « nomade » qui s’est développé autour de plusieurs lieux physiques et fonctionne davantage sur le mode du festival, notamment avec les Transnumériques et CitySonics fondés par Philippe Franck. La SAT dispose d’un lieu physique et d’une équipe technique permanente, couplée avec une mission de recherche/création, de diffusion et de formation. Ces divergences de fonctionnement convergent finalement vers l’aboutissement du projet et ont une incidence réelle sur celui-ci par l’alliance de leurs compétences et leur ouverture d’esprit, qualité intrinsèque à la réalisation de TRANSAT[contamine].

En cela, le développement de TRAME en octobre a été à l’image des objectifs attendus dans le cadre plus général de TRANSAT[contamine], soit un canevas, un nombre de points sur une surface donnée. Les échanges multilatéraux de compétences, de relations et de réseaux, peuvent être associés à l’activité d’un métier à tisser sur lequel plusieurs personnes travaillent. Avec TRAME, la machine s’efface de plus en plus devant les hommes et femmes qui la font fonctionner. Ici, les liens se font autant au niveau du résultat qu’entre les personnes qui y participent.
C’est, d’après Philippe Franck, « une oeuvre ouverte, un organisme vivant et mutant » où l’erreur est un facteur de création en soi, ce qui distingue TRAME de tout autre art « mathématique » et sans âme. C’est la part de l’humain dans la technologie qui y est révélée. On peut même parler d’ « art viral », dans lequel on laisse vivre l’erreur, en l’intégrant même au processus de création.

Biokinosonics

Pour contribuer à la suite du projet TRANSAT[contamine], Philippe Franck se rendra à Montréal du 27 février au 4 mars, accompagné de Stéphan Kozik, Cédric Sabato et Perrine Joveniaux, tous trois à l’origine du projet Biokinosonics.
En collaboration avec Francis Théberge, Guillaume Bourassa et les artistes invités à participer à ce deuxième volet de TRAME, les artistes belges déploieront donc un laboratoire sonore, visuel et multimédiatique qui s’inscrit dans une réflexion sur la nature, l’animal et le vivant avec manipulation d’instruments hybrides, d’objets archaïques numérisés, à la fois rudimentaires et technologiques. A travers ce dispositif seront inventées des sortes de « sculptures », objets hybrides, mécaniques, poétiques, insolites et sonores, à travers un travail sur la sonorité du bois et des poules, dont les ensembles, sur scène, seront reliés à la table de mixage pour former une composition de musique électronique.

Nous rappelons que ce moment d’échanges sera l’occasion de rencontres artistiques et esthétiques ainsi qu’un échange de compétences technologiques.

Les artistes intéressés par ces rencontres peuvent toujours contacter Manon Oligny ([email protected]) pour obtenir davantage d’informations.

Liens vers les articles précédents :
TRANSAT[contamine], appel de candidatures
TRANSAT[contamine] – TRAME at the Frigo in Mons !
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