Par David Drury* (Traduction libre : Joseph Lefèvre*)
Du 28 au 31 Janvier, 2009, l’ association Don’t Border Me a réuni un groupe de 7 artistes et administrateurs des arts à Arles, France.
Les organisations représentées à la conférence ont été:
Don’t Border Me – Arles, France
SAT – Montréal, Canada
Khayal – Beyrouth, Liban
Gudran – Alexandrie, Egypte
Love Difference – Biella, Italie
Imal – Munich, Allemagne
St James Cavalier – La Valette, Malte
Née à Montréal (Christelle Franca, artiste en résidence en est la fondatrice) l’association DBM a été conçue comme un moyen de solidifier les liens entre les groupes artistiques, les projets et les individus du monde entier qui partagent des objectifs et des intérêts communs (lien vers le manifeste).
Ces intérêts peuvent être résumés en partie comme suit:
– Un désir d’utiliser l’art et la musique comme outils pour effectuer un changement social et politique.
– Une volonté de créer de solides réseaux de communautés d’artistes et d’organisations artistiques engagées dans des projets individuels et collectifs.
– Pour atteindre, par le biais de ces initiatives et de ces réseaux, des solutions créatives à la fragmentation souvent alarmante imposée par un monde de frontières fortement contestées.
Le groupe réuni à Arles représentait un large éventail d’horizons – celui des artistes (arts visuels, théâtre, cinéma, musique) et celui d’administrateurs d’organismes culturels. Chacun de nous a participé à la fois comme individu avec une pratique spécifique et comme représentant d’un réseau social et culturel plus large. Une grande partie des deux premiers jours ont été consacrés à des présentations de chacun des délégués sur la nature de leur travail et les objectifs des organisations qu’ils représentent. Elles ont été suivies par des périodes de discussion, donnant lentement forme à un mandat commun.
En termes de pratique artistique, la conférence a été un exercice sur les possibilités interdisciplinaires. Le coeur des activités de cette rencontre de la DBM était basée principalement sur le son (musique et source sonore documentaire). À Arles, ces domaines ont été couverts par Christelle et moi-même, dont les activités continuent d’avoir une solide base sonore, et complétée par les travaux de Michael Quinton, un musicien maltais qui a organisé une série de grands projets musicaux innnovateurs à Malte et à l’étranger. Uli Glass a également apporté une grande expérience dans les projets musicaux; après avoir monté (entre autres), un Opera Hip-hop complet (West End Story, 1999-2001) avec des groupes de jeunes à Imal qui a tourné en Europe et en Amérique du Nord. Nemeh Nemeh a une formation en théâtre, marionnettes et contes, ils travaillent souvent avec l’art comme un moyen thérapeutique d’approcher les jeunes fortement touchés par l’héritage de la guerre au Liban. Sameh El Halawani a une formation en arts visuels et au cours des dernières années s’est consacré à des projets communautaires visant à donner une reconnaissance culturelle aux communautés marginalisées d’Alexandrie. Son travail comporte des éléments d’art visuel et des formes artisanales traditionnelles comme le textile. Grâce à Love Difference, Emanuella Baldi a contribué à une multitude de projets, plus récemment avec le projet “Recettes” qui a permis de créer un réseau d’initiatives artistiques, exprimé en créations culinaires.
Audio, arts visuels, théâtre, contes, textiles et gastronomie. Une partie de l’objectif de la conférence était de concevoir des façons de créer des projets multi-disciplinaires qui couvrent un large éventail d’activités. Le «Solutions Toolkit» a été un des moyens proposés de le faire, à partir du manifeste DBM:
Nous construisons une “Solutions Tool Kit», une bibliothèque de sons, images, textes et objets, en se fondant sur l’idée des “Arts de la fête” consciemment choisie comme un instrument social et de créativité individuelle, de liberté, de sensibilisation et d’harmonie.
La trousse comprend des éléments créés dans le cadre de projets individuels, qu’il s’agisse de recettes en Italie, d’ambiances sonores à Montréal ou de théâtre de marionnettes au Liban, et de les réunir en un ensemble intégré pouvant être diffusé dans tout le réseau. L’unité thématique de la pochette provient de la notion de «célébration» (tour à tour appelé “fête de résistance”), un terme qui désigne toute activité qui réfute des conditions qui pourraient être oppressantes (que ce soit économiquement, socialement et politiquement) par la création d’un espace individuel afin de renouer avec un sentiment de joie de vivre – une pratique traditionnellement attribuée à de nombreux arts sociaux que ce soit la danse, la musique, théâtre etc.
La boîte à outils est conçue comme un projet participatif. Bien que chaque élément soit conçu par un groupe particulier, la trousse à outils devient une sorte de palette multimédia utilisée comme matière brute dans d’autres projets par d’autres satellites du réseau. Une œuvre d’art évolutive à code source ouvert.
La participation de la SAT avec DBM remonte à 2006 quand le centre a été choisi pour un concert entre des artistes de Montréal et des artistes de Beyrouth. Ce premier concert a permis d’établir de nombreux objectifs du projet, à savoir la construction de réseaux internationaux et l’utilisation de l’art comme une réponse à des situations difficiles (dans ce cas, la guerre au Liban).
La SAT a été un participant avec un rôle unique à la conférence d’Arles en ce sens qu’elle représentait la seule organisation non-européen et non-méditerranéenne. L’ironie de cette situation fait de la SAT un noeud du réseau idéal pour coordonner certaines des activités de l’organisation. Parce que l’un des objectifs de la SAT est de devenir un des principaux partenaire culturel dans le domaine de la diffusion en réseau, il est logique que Montréal puisse être considérée comme un point central dans les activités du groupe, un noeud urbain (Urban Hub) pour la diffusion de spectacles et d’événements en réseau. Déjà, une conférence a été prévue à la SAT en Juin de cette année pour examiner les activités de l’orchestre DBM passées et futures, ainsi que les façons dont ils peuvent être intégrés dans le cadre des projets SAT liés aux outils réseaux, et vice-versa.
Au cours des quatre jours à Arles, ce qui en est ressorti a été un fort esprit de solidarité. Il a été reconnu que, bien que la situation matérielle dans les pays impliqués soit très différente, les questions fondamentales restent les mêmes: comment intégrer l’art dans le grand tissu social par le biais de l’utilisation créative des moyens disponibles et des technologies, et comment étendre et renforcer la mission des organisations locales à partir d’échanges collaboratifs avec l’ensemble de la communauté internationale. Beaucoup de choses ont été apprises au cours de cette première résidence et il reste beaucoup à faire. Nous sommes tous excités à propos des diverses possibilités qui émergent. La participation de la SAT dans le projet est une étape importante et significative dans l’établissement d’une présence internationale et dans la mise à disposition d’outils technologiques pour le développement d’une scène internationale en pleine croissance.
David Drury, Montréal, 2009