Accueilli dans le programme des résidences de la SAT depuis septembre 2012, l’artiste et chercheur Stéphan Hyronde développe le projet kénosis, ancré dans les champs de l’écriture et de l’art numériques. Ces dernières années, il a orienté son travail artistique autour des formes textuelles appliquées au support écranique et génératif, en explorant les possibilités dynamiques, figurales et sémantiques, sonores et vocales, offertes par ce médium.
Parallèlement à cette production artistique, Stéphan Hyronde mène également un travail approfondi de recherche théorique, portant sur les problématiques présentes dans ce type d’œuvres, au croisement de la littérature et la poésie numériques, du courant conceptuel ou néo-conceptuel, et enfin de l’art numérique et de l’installation. Il se consacre ainsi, depuis un an et demie, à un Doctorat en Études et Pratiques des arts, en cotutelle entre l’UQAM à Montréal et l’Université Paris 8, en France, ponctuant ses recherches de plusieurs interventions en colloques.
Après avoir suivi une formation vidéo à la SAT, Stéphan Hyronde a présenté une preuve de concept de 4 minutes dans la Satosphère en octobre 2012. Par la suite, il se rend en France en novembre pour réaliser, avec un appareil photo numérique, une captation sphérique à 360 degrés.
Stéphan Hyronde travaille actuellement en collaboration avec l’équipe du Labodôme de la SAT afin de développer une application Ipad interactive.
Soyez les bienvenus à la présentation publique de ses recherches le 9 mai prochain!
Jeudi 9 mai
17h – Entrée libre
Espace SAT – 3e étage
En étroite relation avec son parcours pratique et théorique, le projet kénosis consiste en un poème scénographié — textuel, graphique, sonore et vocal — pour différents supports analogiques et numériques.
L’expression poème scénographié désigne une forme de texte polylogique, généré, dynamique, inséré dans une modélisation 3D correspondant à un espace concret explorable interactivement, formé par des enregistrements photographiques et sonores.
Cet espace concret, réel, est une partie souterraine de ruines pré-romaines : des silos creusés à même la roche, ouverts chacun à leur sommet par un oculus, et communicant entre eux par des ouvertures, en certains endroits, sous la surface.
Le texte poétique est dit scénographié, car son insertion relève d’une mise en espace, d’une mise en scène — conférant en retour à l’espace réel enregistré une dimension théâtrale ou scénographique, à la portée allégorique et polysémique.
Réalisé en plusieurs phases, kénosis se décline en 3 différents formats :
Thème kabbalistique et lourianique (tsimtsoum, chevirat hakelim, tiqoun) : depuis les réceptacles d’où la création prend son origine, jusqu’à leur brisure par le rayon divin, et à leur réparation par l’Homme. Thème théologique et christique de la kénose – donnant son titre au projet – qui vient du verbe grec kénoô (κενόω), qui signifie « vider », « se dépouiller de soi-même », exprime le fait que Dieu se dépouille partiellement ou totalement de certains attributs de sa divinité. Thème de la graine, du germe, de la semence : les silos étaient à l’origine des réserves à céréales, à leur époque pré-romaine ; mythe grec de Perséphone, dont le cycle entre séjour partiel aux Enfers et remontée sur sa Terre-mère (Déméter) allégorise la métamorphose de la graine, le cycle des saisons.
Le lieu, situé dans le Sud de la France, est une partie de ruines antiques, découvertes et mises à nu au début du XXe siècle, et appartenant à un plus grand ensemble de vestiges d’un petit oppidum pré-romain. Cette partie des ruines est plus précisément constituée d’un groupe de silos à grain, creusés en sous-sol à même la roche, formant ainsi de vastes amphores, vases, ou vacuoles telluriques.
Ces silos affleurent au niveau du sol par des ouvertures circulaires, ou oculi, et, de par leur proximité spatiale, certains communiquent entre eux également, sous le niveau du sol, par des ouvertures de formes et de tailles différentes.
À ce site, est associé topologiquement un ancien étang, distant de quelques centaines de mètres, qui a été asséché et transformé en cultures au Moyen Âge, grâce à un système de petits canaux. L’étang en lui-même s’étend sur plusieurs kilomètres carrés. À toute fin fonctionnelle et technique, le tracé des canaux a été conçu sous une forme circulaire et solaire — qui concerne de très près les différentes thématiques de l’œuvre.