17h – gratuit
À travers
l’interprétation du paysage urbain et la suggestion de sa mutation,
ce travail propose d’intervenir sur l’espace urbain de déplacement
et d’explorer ce dernier comme thème symbolique. Son sujet central
est la dimension politique de l’espace public. Il se compose d’une
série d’images fixes, de 5 vidéos et d’un document
interactif.
Les interventions proposées ici, ou situations imaginées, se situent
dans des espaces urbains de transit et des terrains vagues résultants
d’infrastructures de transports rapides. Le projet de concentre sur le
passage de l’autoroute Ville-Marie à travers le centre-ville de
Montréal et sur le pont Jacques-Cartier. Le narratif des oeuvres se construit
donc tout d’abord à partir des ces deux objets, souterrain et aérien.
Le travail explore les possibilités de concevoir l’espace public
urbain au-delà de sa réalité nue, constructive, physique,
et pense la ville en détournant d’autres formes d’espace
public.
Ubiquités
publiques Desynchronized Public Spaces s’appuie sur l’idée
que l’espace public contemporain présente simultanément
une dimension mondiale et une dimension locale. Cette ubiquité de l’usager
d’espace public, son expérience désynchronisée, s’exprime
aussi dans la manière doublement désinvolte de vivre l’espace
public : la plupart du temps, l’individu est un simple voyeur d’espace
civique (celui des médias) ou un passant furtif dans l’espace urbain.
Ainsi vécu, l’espace public se défait de sa signification
politique.
Empruntant cette
perspective, notre projet formule un commentaire critique sur l’autoroute
urbaine en tant qu’espace particulièrement affecté par ce
vide. Il l’imagine versée vers l’espace trop plein des médias
et par cette manœuvre, développe des constats critiques sur l’espace
des médias mettant à nu son caractère re-présenté
et non représentatif.
D’autre part
notre travail soulève la question des différentes temporalités
qu’affectent nos vies à la même époque et au même
moment dans des lieux éloignés mais constamment confrontés
dans l’espace commun des médias.
L’espace des médias, en tant que lieu où se transmettent
des nouvelles du monde, devient dans notre projet analogue aux lieux physiques.
Les messages des médias informent et occupent les lieux ; les journaux
télévisés, la presse et l’Internet deviennent des
sources de l’imaginaire et des ressources d’aménagements
des lieux urbains. Le projet tente de mettre en place un dispositif spatial
qui permettra de révéler (voire dénoncer) l’ignorance
(voire l’indifférence) du voyeur passif.
Notre travail propose
de confronter deux espaces publics : l’espace de déplacement et
l’espace des médias d’information. Le projet prend corps
dans une construction/fiction superposée à l’autoroute,
sorte de manifeste sur l’état de l’espace public (série
«Flux»). Il indique que l’espace public est politique dans
son essence, c’est-à-dire un lieu où la société
s’organise et se règle. Or, aujourd’hui, la dimension politique
de l’espace public s’est déplacée vers les médias
de communication et s’insère dans la sphère privée.
Cette absence est comblée par la fonction de déplacement qui prend
de plus en plus d’ampleur et génère dans la ville des espaces
sans qualité, dépourvus de sens civique.
Aujourd’hui
les nouvelles technologies permettent d’envisager des spatialités
qui pourraient conjuguer les fonctions les plus diverses – la virtualité
du message, sa souplesse et sa rapidité de changement a priori sont compatibles
au flux des corps et des machines.
Notre projet imagine
un hybride de l’espace médiatique et de l’espace de déplacement.
Le médiatique posé dans ce contexte nous confronte directement,
quasi-physiquement, le message concerne. L’autoroute devient un fleuve
de messages, un flux de lieux/actions publics «dé-placés».
Les 7 œuvres d’Ubiquités publiques Desynchronized
Public Spaces proposent ce gigantesque paysage/message
en l’imposant sur la faille entre la Vieille Ville et Montréal
moderne. Ce procédé est une métaphore d’espace public
actuel, tantôt une hypothèse d’aménagement possible.
Le statut de cet objet est délibérément ambigu; les représentations
proposées se veulent aussi bien des simulations de situations potentiellement
vécues que des révélations de réalités cachées,
non observables.
Ubiquités
publiques Desynchronized Public Spaces se constitue d’un réseau
d’œuvres marquant une entrée et une sortie du lieu mobile
qu’elles occupent. Chacune à sa manière conçoit le
même objet hybride : le paysage-message posé sur l’autoroute
urbaine. Les narratifs des 7 œuvres, 7 projets d’espace, ne sont
pas imposés, mais se construisent au cours des déplacements, au
fur et à mesure de la rencontre avec les lieux. Le thème de chaque
projet devient le moyen de qualifier le lieu. De la même manière,
le message que l’on rencontre émerge du lieu comme son double.
Déplaçant l’intérêt du contenant au contenu,
le travail essaie de démontrer que «la place publique» se
fabrique à travers les vies qui y prennent place.
medialabAU
est un lieu de création fondé en 2001 et dirigé par Irena
Latek à l’Université de Montréal. Le laboratoire
réunit des professeurs, des étudiants de maîtrise de l’École
d’architecture et des jeunes architectes et artistes montréalais.
La démarche de medialabAU est empreinte d’un double objectif :
l’exploration de la représentation architecturale par les nouveaux
médias et le questionnement des rapports entre l’architecture et
la ville engendrés par les nouvelles formes de cultures métropolitaines.
medialabAU cherche à construire le sens de l’espace à l’aide
d’outils considérés comme non conventionnels au sein de
la discipline de l’architecture, visant par-là à élargir
le territoire du projet et à enrichir la palette de ses moyens.
L’équipe
de medialabAU
Irena Latek, direction du projet, Martin Bourgault, Alain Carle, Fannie Duguay-Lefebvre,
Alan Knight, Marianne Potvin, Jean-Philippe Brouillard, Marie-Eve Marchand,
Darrel Ronald, Véronique Roy, Annick Turi
Le projet
Ubiquités publiques Desynchronized Public Spaces est
subventionné par le Fonds québécois de recherche sur la
société et la culture.