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Biokinosonics – Retour sur une semaine d'échanges artistiques

Le projet d’échanges artistiques TRANSAT[contamine] a été l’occasion pour 9 artistes de croiser leurs savoirs, leurs techniques et leur imagination pour mener à bien Biokinosonics, concept artistique bionumérique soumis par les trois artistes belges Stéphane Kozik, Perrine Joveniaux et Cédric Sabato.

Par Edouard Arnaud, assistant de projet SAT[création]

Retour sur une semaine d’échanges artistiques

Le projet d’échanges artistiques TRANSAT[contamine] qui a eu lieu du 25 février au 6 mars 2010 a été l’occasion pour 9 artistes de croiser leurs savoirs, leurs techniques et leur imagination pour mener à bien Biokinosonics, concept artistique bionumérique soumis par les trois artistes belges Stéphane Kozik, Perrine Joveniaux et Cédric Sabato.

Les instruments hybrides et détournés, faits de bois, d’élastiques, de senseurs et d’assemblages divers, imaginés par les artistes ont donc été de nouveau transformés, complétés par les différentes conceptions que se sont faites les artistes québécois qui se sont retrouvés du jour au lendemain au coeur de cette aventure poétique et multimédia. Le naturel et l’animal se sont croisés avec la vidéo, les microcontrôleurs et les mixers ; la « lutherie sauvage » avec l’électronique.

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La semaine s’est partagée entre ateliers de découvertes et d’expérimentations, d’échanges et de nouvelles créations. La « contamination » des uns et des autres a été rendue publique le 4 mars au cours d’une performance-concert qui mêlait les différents accomplissements des artistes.

Par « contamination », on entend ici l’apport de chaque artiste au développement du projet, et la capacité de chacun d’eux à s’imprégner de l’univers des autres, à le partager à leur tour.

Ainsi, au cours des “jams” qui ponctuaient les ateliers, les interventions de chacun étaient constantes. Lorsque Stéphane Kozik et Perrine Joveniaux faisaient jouer leurs instruments, David Lafrance et Francis Rossignol, avec l’accumulation des différents sons, intégraient des effets à la rythmique. Caroline Blais s’inspirait des instruments et de l’univers, de l’ambiance que formait la musique pour imaginer ses visuels. Cédric Sabato apportait de nouveaux instruments avec les constructions de son installation musicale rotative et de son tourne-disque de bois. Enfin, Victor Tronic enregistrait le tout pour s’en resservir par la suite, notamment lors de la performance-concert.

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Tandis que Monique Savoie et Philippe Franck s’entretenaient sur la notion de « contamination positive », entretiens qui feront l’œuvre d’une publication, la fin des ateliers était, pour les artistes, une occasion collective de discuter de la « contamination » dans les faits, de ses réussites ou ses échecs, et des moyens à engager pour rendre les échanges plus pertinents.

La principale question a avoir été posée est celle de la génération des artistes. La question de leur identité, européens ou américains, n’était pas la plus importante face à celle de la génération, car qu’ils soient belges ou québécois, tous ces artistes partagent des références et un langage commun propres à leur génération, une sorte de complicité naturelle entre eux. Quand pour certains cet aspect était vu comme une contrainte à la pleine émancipation du projet, comme une continuité, non comme une rupture, les autres y voyaient le moyen de concentrer les efforts sur l’échange de compétences et connaissances sur le fonctionnement des divers outils et instruments, dans le domaine d’activité propre à chaque artiste. Petit à petit, les rôles de chacun se clarifient, se structurent les uns par rapport aux autres. Les artistes belges se nourrissent des sensibilités des artistes québécois, qui font eux-mêmes le pas de s’employer à découvrir les sons que peuvent produire ces instruments insolites. Finalement, la complémentarité des influences et la curiosité de chacun par rapport aux ouvrages en cours rendent les ateliers plus fluides, et le statu quo qui semblait mettre tout le monde d’accord s’efface pour laisser la place aux sensibilités individuelles : certes la génération des artistes est la même ainsi que leurs instruments, mais les manières de s’en servir, de les concevoir et de se les approprier sont variables.

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La performance-concert du 4 mars 2010 s’est ouverte avec une performance de TRAME par Francis « TIND » Théberge et de Guillaume Bourassa, présents au dernier échange de TRANSAT[contamine], accompagnés ici par Victor Tronic qui était lui aussi présent à l’origine du projet TRAME. Les « glitchs » audiovisuels ont laissé place à Biokinosonics avec Stéphane Kozik qui transformait les sons qu’il produisait avec Perrine Joveniaux à partir de leurs différentes manipulations de bois et d’élastiques et de métal. Cédric Sabato quant à lui faisait tourner son installation mobile et sonore, tout en développant de nouveaux sons, à la manière d’un DJ, avec son tourne-disque biologique. Face à eux se trouvait Jacob Duffosé, dont la souche d’arbre sur laquelle il travaillait, transformée en contrôleur MIDI vidéo, permettait d’actionner sa performance visuelle sur des images de cellules végétales vivantes filmées au microscope digital. David Lafrance et Francis Rossignol remixaient à leur façon l’ensemble des sons qui étaient produits en jouant même du « darbe » et du « champignon électrique ». Caroline « Chocobeets » Blais s’occupait des visuels « bionumériques » de la performance, aussi accompagnée de Perrine Joveniaux, artiste plasticienne au demeurant. L’ensemble s’est terminé avec un set DJ de Jan Pienkowski dont la musique électro était empreinte des sonorités de la semaine d’échanges.

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Biokinosonics, ce « land art sonore électronique » est finalement un bidouillage, un bricolage collectif, un retour vers quelque chose de plus organique tout en gardant une part de high-tech. C’est aussi, et surtout, un projet en constant développement, en constante évolution, débuté en septembre 2009, et qui se concrétisera courant 2010 en Belgique, à Bruxelles et Mons, notamment pour le festival Citysonics.
Finalement, l’essentiel pour TRANSAT[contamine] et ces échanges croisés réside dans la propension qu’ont les artistes, à l’issue de ce type de rencontre, à repartir avec des idées nouvelles pour le futur, avec la volonté d’intégrer leurs nouvelles connaissances à leur art.
A suivre…

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