Dr David McConville, président du Buckminster Fuller Institute à New York s’est installé de manière permanente dans les bureaux de la SAT suite au symposium sur l’immersion IX de l’été passé. Il est un spécialiste unique en son genre et se définit lui-même comme un compréhensiviste. À la manière de R. Buckminster Fuller avant lui, il essaye de combiner tout les domaines de recherches scientifiques dans une direction commune; créer un modèle visuel évolutif du monde pour mieux le comprendre. En intégrant le plus de donnés possible à cette étude il compte prévoir les courants planétaires en les regardants évoluer et donc, si possible, trouver des solutions pour contrer les élans néfastes alors qu’ils sont toujours minimes.
« Comment pouvons-nous faire en sorte que la terre opère à 100% pour sa population dans le plus court temps possible à travers une coopération spontanée de tous sans dommage écologique ou désavantage pour quiconque. » R. Buckminster Fuller
Symposium IX 2014
C’est en 1965 lors de l’Union internationale des architectes à Paris que Richard Buckminster Fuller a posé cette question à ses collègues de la communauté scientifique internationale. Il observait déjà à l’époque une tangente qui nous mènerait droit à l’extinction si nous ne changions pas nos habitudes de consommation énergétique sur terre. L’ambition ultime de cette réunion était d’ériger des ponts entre tous les domaines de spécialisations scientifiques afin de trouver des réponses aux problèmes environnementaux et sociaux menaçants notre planète. Selon Fuller une spécialisation scientifique trop approfondie empêche d’avoir une vue globale d’un problème et dérobe la solution à celui qui la cherche trop spécifiquement. Cette vision humaniste et écologique est toujours mise de l’avant au Buckminster Fuller Institute à New York où chaque année une bourse de 100 000$ est attribuée à un projet hors du commun reprenant la philosophie de Fuller en matière d’écologie esthétique.
Depuis l’enfance, David McConville s’intéresse à la musique et aux arts visuels. Au collège il entreprit d’étudier l’électronique analogue et les synthétiseurs avec Robert Moog (créateur des synthétiseurs MOOG) où il s’appliqua à développer des environnements sonores 3d avec supports visuels pour captiver les sens (les premiers pas de la réalité virtuelle). De là il commença ses études universitaires et découvrit deux choses: l’internet qui venait à peine de naître avec ses multiples applications multimédias et les dômes servant d’espace social où l’on pouvait vivre une expérience immersive. Laissant un peu de côté ses études il participa à plusieurs projets avec des ingénieurs, programmeurs, artistes et philosophes autour du langage naissant de la perception sensorielle en immersion.
Symposium IX 2014
Son exploration l’amena à la SAT en 1999 où il rencontra Luc Courchesne (directeur du Métalab de la SAT) durant une conférence. Leurs travaux similaires ainsi que leurs idées hétéroclites forgeront une franche camaraderie et amèneront Dr McConville à revenir y faire une démonstration en 2002. La même année il co-fonde une compagnie qui lui permet de pousser plus loin ses recherches en immersion à travers la fabrication de logiciels multimédias ainsi que la fabrication de prototypes de dômes amovibles et de projecteurs haute définition. Il réalise une installation à Burning Man en 2004 en se servant du logiciel du Planétarium Hayden qui lui permet de reculer dans l’espace jusqu’à ce que tout l’univers visible apparaisse devant nos yeux. Suite à ces accomplissements, il décide de retourner à l’école en 2006 où il entreprend un doctorat au Planetary Collegium à Plymouth avec comme thème central les dômes et leurs récurrences à travers l’histoire ainsi que leurs applications humaines.
Jusqu’à ce jour, il continue de faire des présentations dans plusieurs planétariums en “racontant des histoires” quant aux problèmes environnementaux encourus et leurs possibles solutions grâce à des visualisations immersives. Depuis toujours, l’homme se tourne vers le ciel pour concevoir l’univers qui l’entoure, il n’est donc pas étonnant que les représentations qui servent à visualiser cet univers soient un miroir du champ de vision de l’humanité; un dôme. En mai dernier avait lieu le premier symposium sur l’immersion IX où des artistes et conférenciers du monde entier convergeaient vers le dôme de la SAT pour présenter leurs oeuvres ou pour tenter de définir le rôle que l’immersion pourrait jouer dans notre société future. Dr David McConville y donna une conférence fort intéressante où il discuta de l’origine historique des dômes comme forme de représentation de l’univers, y parla du modus operandi des dômes géodésiques ainsi que de la vie et l’oeuvre de Buckminster Fuller. À la fin de l’assemblée, il invitait tout artistes en immersion, chercheurs scientifiques et humanistes enthousiastes à participer à un projet visant à réaliser le concept original de Buckminster Fuller pour la biosphère de l’île Notre-Dame (le pavillon américain de l’expo 67).
Symposium IX 2014
« Le challenge est de focuser notre habilité à se servir de ces outils technologiques en montrant les modèles développés et les exemples de projets de recherches à travers le monde qui explique comment les humains se synchronisent avec les vastes systèmes physiques de l’écosystème. Le fait que nous ne prenions plus pour acquises les facultés régénératrices de la planète, mais bien plutôt que nous travaillons en aval de ces réalisations en essayant d’améliorer notre qualité de vie sur la planète prouve que nous ne sommes plus que des spectateurs passifs, mais bien des acteurs très importants » souligne Dr David McConville.
À l’approche du 375e anniversaire de la ville de Montréal et du 50e anniversaire de la biosphère de l’Île Notre-Dame en 2017, Dr McConville ne pourrait espérer une meilleure synchronisation pour tenter l’expérience d’intégrer tout ce savoir et cette expertise en une oeuvre, mais aussi un centre de recherche issu d’une collaboration internationale qui verra le jour ici même à Montréal. D’emblée nous lui souhaitons la bienvenue à la SAT et étendons son invitation à quiconque dont l’expertise touche de prêt ou de loin l’art, la science ou la philosophie et aillant envie de participer à ce projet de recherche monumental.