Experientiae Electricae, collectif de création numérique représenté par l’artiste Natacha Roussel, passe une semaine de résidence de création a la SAT pour envisager des développements autour du projet Interac Wearing.
Ce mois de novembre Experientiae Electricae, représentée par l’artiste Natacha Roussel, passe une semaine de résidence de création a la SAT pour envisager des développements autour du projet Interac Wearing.
Une expérience multi-usagers sous la forme de 10 costumes sensoriels communicants localisables proposés à l’essai.
Photo, Natacha Roussel, 2009
Experientiae electricae est un collectif multi-professionnel de création numérique impliquant des développements parallèles et complémentaires tant artistiques, que dans les domaines du Design, et de l’électronique. Notre esthétique minimaliste tend à composer à partir d’une multitude d’éléments que nous manipulons pour en développer la connectivité.
Experientiae Electricae intègre des technologies rendues accessibles a l’heure de la miniaturisation/mondialisation, pour une appropriation artistique et critique.
Photo, Natacha Roussel, 2009
Experientiæ Electricæ conçoit depuis 2003 des oeuvres d’art immersives interrogeant les relations augmentées des humains et groupes d’humains dans l’espace. Les nouveaux médias sont pour nous un outil d’exploration sensitif où la capture et la re-visualisation des données produites par l’activité physique des humains servent à cartographier des rapports énergétiques intimes, interpersonnels, et sociaux.
EE par sa structure developpe ses propres technologies dans un esprit d’apropriation critique des moyens de communication. Les artistes sont tributaires bien souvent de partenariat institutionnels pour developper des œuvres en résidence chez Nokia ou Orange, ce qui est un constant sujet de reflexion et de bataille pour les artistes médiatiques à la fois en ce qui concerne l’accessibilité de ce type de partenariats, que la liberté de création que l’on y trouve.
Photo, Natacha Roussel, 2009
Face a ce dilemme EE a pris le parti de tenir compte des évolutions qui rendent les technologies accessibles aux particuliers, baisse importante du cout des composants, création de réseaux commerciaux avec l’Asie et de supports techniques pointus en lignes. Ces élements nous permettent de développer nos propres technologies a nos fins propres.
Photo, Natacha Roussel, 2009
EE signe tous ses travaux en collectif considérant que le développement et l’apropriation technologique sont partie intégrante du contenu. Notre réflexion se fonde à la fois sur la nature du média que nous détournons et la propriété de nos oeuvres.
Alors que les systèmes libres par leur versatilité n’atteignent pas l’efficacité nécessaire pour des applications pointues et efficaces par ailleurs leurs coûts d’usage ne permet pas d’envisager une application à grande échelle. EE préfére donc développer ses systèmes autonomes.
Il s’agit d’un dispositif multiple à la fois haptique, urbain, communicant et surtout sonore. Qui intègre des éléments de recherche à tous ces niveaux.
Experientiae Electricae a décliné one’s walk en multiples localisables et communicants (radio), pour exploration urbaine. Nous les proposons comme œuvre participative et intervention urbaine. Le public peut essayer les costumes augmentés en se promenant dans un périmètre urbain défini. Les costumes capturent le rythme de marche et d’autres rythmes corporels, de leurs utilisateurs, à qui ils le retransmettent directement. Chaque costume reçoit également les sons provenant de la présence d’autre usagers, le rendu sonore évolue au fur et a mesure des rencontres.
Ces vêtements communicants sont conçus comme des outils de proprioception locatifs. Ils transmettent les données locatives grâce à un système radio qui se servirait de chaque costume comme relais pour communiquer les données vers la base située dans le lieu d’exposition.
Ces données sont ensuite réinterprétées en fonction de la localisation de chacun, de ses paramètres rythmiques et de l’interaction entre les utilisateurs, proposant une cartographie sonore et visuelle de l’occupation de la ville par le groupe. Le projet interac wearing est composé de multiples de costumes communicants, chacun ayant son existence propre en tant qu’objet artistique alors que leur mise en réseau fait émerger un environnement à l’échelle de la ville, une création multimédia basée sur des interactions collectives et environnementales. Un portrait localisé et pourtant en constante mobilité des rythmes humains. Une cartographie sonore retranscrivant une image fragile et éphémère de notre être biologique plus précisément, des multiples interférences de nos êtres biologiques.
Les costumes communiquent donc à trois niveaux :
– d’abord comme One’s Walk avec leur utilisateur en produisant un feedback rythmique sensoriel.
– Ils pourront également échanger des données entre eux matérialisant ainsi l’appartenance à un groupe, pour ce faire nous élaborerons comme des principes ludiques d’interaction. Ces principes ont été présentés lors de la conférence associée à l’exposition Homo Ludens ludens à Laboral (Gijon Espagne, avr 08)
– Une troisième couche de sens ressort des deux premières, il s’agit de la vision des marcheurs comme un réseau distribué au sein de la ville que nous retransmettrons sous la forme d’une mise en espace sonore, multicanaux qui prendra la forme d’une vague rythmique, accompagnée par une cartographie visuelle de l’expérience.
Cette proposition élabore donc à 3 niveaux de signification; celui de l’individu qui porte le costume augmenté; celui du groupe qui échange des données permettant a chaque individu de percevoir la présence des autres distribués au sein de l’espace urbain; et enfin celui du spectateur qui perçoit la cartographie sonore et visuelle, le portrait rythmique du groupe.
Lors de la résidence à la SAT l’objectif est d’une part de faire comprendre le projet « Interac Wearing » et d’établir une série de rencontres avec des spécialistes en audio et en video immersif afin de valider la possibilité de porter le projet dans l’environnement immersif de la SAT[osphère].
Une première rencontre avec Zack Settel, spécialiste audio 3D qui développe le système « SoundScape » en collaboration avec Mike Woznienski est à l’ordre du jour. Natacha souhaite valider sa démarche pour vérifier si ses intuitions au niveau du traitement audio sont valables et échanger autour de possibilités supplémentaires d’interaction ou d’interfaçage en fonction de l’expertise de Zack et de ce qui a été déjà développé et testé dans le présent projet pour le traitement audio en réseau et sa manipulation dans des espaces 3D.
La première présentation du projet a eu lieu dans le cadre de Futur en Seine. (Photo : Natacha Roussel, Place de la Bastille, Paris, 2009)
Une seconde rencontre avec Louis-Philippe Saint-Arnaud, chargé de projet et coordinateur du développement du Labodôme de la SAT est prévue. Cette rencontre a pour but de présenter à Natacha l’environnement de la SAT[osphère], quelques réalisations et expériences réalisées dans le Labodôme et aussi d’initier l’artiste à la production avec ce médium.
Ces rencontres et échanges avec des spécialistes de la SAT permettront de vérifier l’hypothèse de développer une version du projet spécifique à cet environnement et donc d’amorcer des démarches afin que Natacha et son équipe puissent revenir en résidence pendant la saison 2010/2011 pour réaliser cette version immersive.
Enfin, Natacha fera une présentation informelle dans son studio de résidence sur son projet « Interac wearing » à l’équie de la SAT lors de sa dernière journée de cette micro-résidence de travail.