L’équipe d’Électro-Acrylique nous dévoile la genèse de leur plus récente création immersive.
Jusqu’à ce samedi 13 mai, le spectacle immersif Électro-Acrylique est présenté dans la Satosphère. Unique en son genre, la performance fusionne musique, arts visuels et peinture en live. « Une œuvre picturale et musicale » comme aiment le rappeler ses auteurs.
Alec Stephani, Frédéric Laurier (aka Pfreud) et Fred Trétout sont les trois artistes à l’origine de cette création, chacun spécialisés dans un domaine mais cependant tous “touche-à-tout”. C’était pour eux un projet fou, mais pas impossible…
LA GENÈSE – DU JAZZ EN PEINTURE
C’était un soir comme les autres à la TOHU pour Alec. Il exposait ses œuvres et peignait devant son public, le rythme dans la peau comme à son habitude. « Je me suis souvent pris à danser en peignant. Mes tableaux vivent. Il y a du mouvement. C’est ce qui fait vivre et donne du charme à une oeuvre », explique-t-il en gesticulant comme un enfant sur sa chaise. Mais quelque chose lui manquait alors à ce moment… Ce petit « je ne sais quoi » qui donnerait une tout autre dimension à son œuvre.
Un band de jazz joue ce même soir. Son pinceau dans une main et la truelle dans l’autre, il effleure sa toile au rythme de la batterie sans trop s’en apercevoir. Et c’est bien ce moment là qui va tout changer! Pas même une minute ne lui a suffit pour s’en rendre compte et il demande alors au batteur de le suivre. Ses mouvements s’accélèrent et ses mains se mettent alors à “peindre du jazz”. Mettre en musique une œuvre picturale est alors le prochain défit d’Alec.
LA TOILE EST UN INSTRUMENT
« Tout est fait maison ». De la toile en passant par le cadre et les multiples micros disposés derrière, tout a été pensé et créé pour un rendu sonore maximal. Le bois n’a pas été choisi au hasard, tout comme le nombre de micros (8), ou encore la tension de la toile. Tout est assujetti à un son en particulier. « Si la toile est trop humide (comme c’est déjà arrivé), le son sera mauvais » explique Alec. Tous les sons sont créés en direct, une couleur vaut un son, la truelle un autre, le pinceau encore un autre… Même les cannes de peinture sont dotées de micros. « Et c’est avec tout ça que je crée la trame sonore et tweek le son», ajoute Pfreud.
L’ÉVOLUTION D’UN PROJET IMPROBABLE
« Un projet de fou, ça n’a pas d’sens » s’exclame Pfreud. Le temps passe, mais ce projet reste encore un grand mystère pour le spécialiste du son qu’il est. « Je ne m’attendais jamais à jouer avec un peintre », dit-il avec un grand sourire. « Mais c’est pour ça que j’ai finalement accepté le défi. J’aime l’inconnu et le fait de me mettre en danger. J’aime dépasser mes limites », ajoute-il. Il leur aura fallu des mois pour créer et mettre en place les techniques afin de retransmettre en bande sonore les coups de pinceaux d’Alec, mais ils y sont arrivés!
LA RENCONTRE DU 3e TYPE
Pfreud et Alec écument ensuite les scènes et participent notamment au festival MUTEK/ELEKTRA en 2015 à Montréal. À défaut de visuel à projeter comme bon nombre d’artistes présents ce soir là, Alec eut la bonne idée d’accrocher une caméra GoPro à son thorax et de filmer en “close-up” l’évolution de sa toile. Il en a finalement fait une projection vidéo en plus de l’utiliser comme habillage visuel et comme éclairage. « On ne voulait pas se filmer nous même, ça n’avait aucun intérêt. Nous voulions montrer l’interaction qu’il y avait entre l’audio et le visuel ».
Vient alors la rencontre de Fred Trétout, l’homme derrière les visuels actuels créés en direct. « Je réalise comme un historique de la toile. Je peux photographier, zoomer, séparer les couleurs ou les détails du grain… Je peux tout faire et jouer avec. C’est fascinant. » explique-t-il. Il est important de préciser que chacun s’inspire de l’autre dans cette création. Chacun est indépendant dans ses mouvements, mais toujours coordonné. « C’est une œuvre qui vit et qui est différente d’une soirée l’autre. Un projet en constante évolution », ajoute Alec.
Électro-Acrylique est donc une réelle rencontre entre le Low et le High tech !
Le Low pour tout ce qui est organique (peinture, eau…) et le High pour l’analogique et le numérique (images, sons…). Avis aux intéressés, les différentes toiles sont aussi en vente chaque soir avec leurs trames musicales !
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Article par Yohann Goyat
Photos par Sébastien Roy