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Un petit saut pour la grenouille, un grand pas pour les amphibiens !

Selon les spécialistes de la biodiversité, la planète traverse aujourd’hui la sixième grande crise d’extinction des espèces depuis le début de la vie sur terre…

Un petit saut pour la grenouille, un grand pas pour les amphibiens !

Lundi 10 Août

Prise record pour la “Frog team” en fin de semaine dernière!
En quelques heures, plus de 500 têtards et grenouilles vertes ont « sauté » dans nos filets!

Il aura fallu un après-midi entier pour observer un à un tous les specimens.
Un nombre important d’anomalies sont observées lors des sorties hebdomadaires et les expériences continuent au laboratoire.

Les résultats de ces recherches contribueront à en savoir plus sur les amphibiens…

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<h2>Attention ! Amphibiens menacés d’extinction !</h2>
<p>Selon les spécialistes de la biodiversité, la planète traverse aujourd’hui la sixième grande crise d’extinction des espèces depuis le début de la vie sur terre, il y a approximativement 3,8 milliards d’années.</p>
<p>L’Union mondiale pour la nature (UICN) vient de publier, le mois dernier, sa « liste rouge ». <br />
Au total, ce sont 16 928 espèces qui sont aujourd’hui menacées d’extinction.  </p>
<p>Un oiseau sur huit, un mammifère sur quatre, et un amphibien sur trois sont en danger. <br />
La disparition des amphibiens serait possiblement la plus grande extinction de masse depuis l’ère des dinosaures, il y a 65 millions d’années, soit bien après l’apparition du premier amphibien (il y a plus de 360 millions d’années)! </p>
<p>À consulter : <a href=http://www.iucn.org/fr/

Quelles sont les causes du déclin de la population des amphibiens?

Écrit par Nolwenn Gouezel et Brandon Ballengée

Sur le banc des accusés : la modification et perte des habitats, l’introduction d’espèces allochtones et de prédateurs, l’émergence de nouvelles maladies et autres facteurs pathogènes, la pollution, l’augmentation des radiations ultraviolettes, le changement climatique, et la surexploitation des amphibiens à des fins commerciales.

Destruction, fragmentation et détérioration des habitats

Il est évident que l’expansion démographique des Hommes, l’aménagement des territoires, la déforestation, la surexploitation des terres et des écosystèmes aquatiques ainsi que la construction de routes au milieu des zones humide conduisent inévitablement, pour les amphibiens, à la fragmentation de leur habitat, voire même à leur perte totale!
Selon les scientifiques, la modification des habitats serait la cause première de l’extinction mondiale des amphibiens, avant même le changement climatique, la pollution ou tout autre facteur souvent incriminé.

Introduction d’espèces allochtones et de prédateurs

À différentes fins, l’Homme a introduit dans son environnement local de nouvelles espèces animales et végétales provenant de régions différentes. Ces espèces sont dites “allochtones”. Leur introduction dans un milieu autre que celui d’origine boulverse les chaînes alimentaires et l’écosystème local. Les amphibiens autochtones doivent alors rivaliser avec les espèces introduites que ce soit pour leur nourriture ou pour leur territoire.
Quant aux prédateurs introduits, ceux-ci se nourrissent aussi bien des oeufs et des têtards que des amphibiens adultes.

Par exemple : Dans les parcs nationaux des Rocheuses au Canada, les salamandres à longs doigts sont de moins en moins nombreuses depuis l’introduction de poissons destinés à la “pêche sportive”. Selon les scientifiques, la menace d’extinction qui pèse localement sur ces salamandres est une conséquence directe à l’introduction des truites.

L’émergence de nouvelles maladies et facteurs pathogènes

Le déclin des populations d’amphibiens est également favorisé par l’émergence de nouvelles pathologies. Parmi les principales menaces, en voici trois : le champignon Chytrid (à l’origine de la Chytridiomycose), la maladie « des membres rouges » (dûe à une bactérie), et les Ranavirus.

  • Le Chytrid est une espèce fongique pathogène responsable d’infections mortelles. Ce champignon a été découvert il y a environ une dizaine d’années et se serait possiblement propagé dans le monde entier dans le cadre de la mise au point de tests de grossesse, par des laboratoires utilisant les Xenopus.
    Une fois infectée, la grenouille présente non seulement des troubles neurologiques, affectant son comportement, mais aussi des lésions cutanées provoquant ainsi des difficultés respiratoires. Des scientifiques de Nouvelle-Zélande pensent avoir trouvé un traitement pour la Chytrydiomycose. Mais, au sein des populations sauvages, le champignon continue son expansion par contact et par contamination de l’eau.

  • Les Ranavirus sont des virus qui touchent les animaux aquatiques (les poissons et les amphibiens, notamment). Ils sont responsables d’épidémies provoquant l’extinction locale de nombreuses espèces ; c’est notamment le cas de certaines populations de grenouilles et de salamandres en Amérique du Nord.
    Au Canada, le Regina ranavirus (RRV) a infecté les Salamandres Tigres.

Pour en savoir plus : http://www.jcu.edu.au/school/phtm/PHTM/frogs/otherdiseases-viruses.htm

  • La maladie des jambes rouges (Red Leg disease) causée par la bactérie Aeromonas hydrophila a également été incriminée dans le déclin de la population des amphibiens. Chez les grenouilles, la maladie peut provoquer des hémorragies au niveau des membres et peut même leur être fatale. Elle est parfois associée à une qualité médiocre de l’eau.
    Sachez que la maladie des “jambes rouges” peut également affecter des specimens mis sur le marché des animaux de compagnie.

Aujourd’hui, les scientifiques s’accordent à dire que les maladies sont en partie responsables du déclin des amphibiens.

Pour en savoir plus : http://www.jcu.edu.au/school/phtm/PHTM/frogs/ampdis.htm

La pollution

Certains produits chimiques dangeureux peuvent empoisonner les grenouilles et de nombreuses autres espèces. D’autres polluants remontent le long de la chaîne alimentaire, (on parle de bio-accumulation), et les toxines peuvent ainsi nuire aux espèces à long terme!
Tous les jours, des produits chimiques, tels que produits nettoyants, les herbicides, les pesticides, les fertilisants, les fuites d’antigel et de carburants et les sels de voiries atteignent les zones humides, dégradent les ecosytèmes et touchent les espèces qui y vivent.
Récemment, une équipe australienne a fait une découverte : le taux croissant de salinité dans les zones humides modifie le comportement des têtards et les rend plus vulnérables vis-à-vis des prédateurs!

Voir le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eutrophisation

D’autres études récentes démontrent que dans les zones humides de l’Amérique du Nord-Ouest, les grenouilles sont de plus en plus souvent infectées par le parasite Trematode!

Pour plus d’articles scientifiques, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : http://bss.sfsu.edu/cdavidson/contaminants.htm

Radiations ultraviolettes

Autre facteur : l’amplification du rayonnement dû à la réduction de la couche d’ozone. La surexposition aux UVB peut augmenter le taux de mortalité et éventuellement causer des dommages génétiques aux oeufs des amphibiens ainsi qu’aux embryons. Les populations les plus touchées se trouvent principalement dans les zones de haute altitude. Des équipes de chercheurs du Canada et d’Australie tentent de prouver qu’il existe une relation entre le rayonnement d’UVB et le taux de mortalité croissant chez les amphibiens.

Changements climatiques

Les changements climatiques peuvent être à l’origine de l’altération des habitats des amphibiens et de la dégradation des zones humides. La hausse des températures cumulée à la baisse des précipitations provoque l’assèchement progressif de nombreuses zones humides. Des populations entières d’amphibiens risquent de disparaître si le climat se réchauffe de seulement quelques degrés et si les périodes de sécheresse deviennent plus fréquentes.

Autre exemple : Les amphibiens des zones côtières, sont, quant à eux, menacés par l’élévation du niveau de la mer, car ces espèces ne tolèrent pas l’eau salée.

Surexploitation

Il faut savoir que les amphibiens font l’objet de toutes sortes de commerces.
Si les scientifiques utilisent les amphibiens comme “rats de laboratoire”, d’autres les préfèrent dans un terrarium, (comme animal de compagnie), ou dans leur assiette, (comme repas).
La fricassée de cuisses de grenouilles est un mets particulièrement apprécié au Canada, en France ainsi qu’aux Etats-Unis. On en mange également en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Le plus gros fournisseur, l’Indonésie, expédie chaque année pas moins de 5000 tonnes de cuisses de grenouilles vers les marchés extérieurs.
Dans les élevages industriels, ce sont bien souvent des espèces allochtones qui y sont élevées.Il arrive que certains spécimens s’échappent de ces zones et transmettent alors des maladies aux populations locales.

En Asie, certains amphibiens sont réputés pour leurs vertues curatives ou aphrodisaques. Ils occupent donc une place importante dans les thérapies traditionnelles.
Quant aux traffiquants de drogue, ils font commerce des peaux de crapauds séchées, en raison de leurs vertues hallucinogènes.
Saviez-vous que dans certains états des États-Unis, il est même interdit de lécher le crapaud!

Concernant la menace d’extinction qui pèse aujourd’hui sur les amphibiens, si les principaux facteurs sont la perte d’habitat, l’introduction d’espèces allochtones, la pollution, les radiations ultraviolettes, et le changement climatique, comment expliquer que les amphibiens soient plus menacés que tout autre être vivant ?

Les amphibiens, une classe vulnérable

Parce qu’ils évoluent dans les milieux terrestres et aquatiques, les amphibiens sont de véritables « bio-indicateurs » en ce qui a trait à la qualité de l’air mais aussi quant à celle de l’eau. Ils sont plus sensibles aux changements que la plupart des oiseaux et des mammifères, en raison de leur peau semi-perméable qui permet aux produits chimiques de pénétrer facilement dans leur corps. N’oublions pas également que les grenouilles sont des prédateurs ; les produits chimiques remontent jusqu’à elles via toute la chaîne alimentaire. Elles absorbent et retiennent alors des produits chimiques toxiques dans leurs tissus adipeux.

Le déclin de masse des amphibiens devrait nous alerter quant à la dégradation certaine de notre Environnement!

La métamorphose du têtard albinos

Lundi 3 Août. Il y a trois semaines, l’équipe avait trouvé un têtard albinos dans ses filets. Nous l’avions placé sous observation au bio-lab de la SAT. Depuis, ses pattes ont poussé et sa queue a progressivement disparu. Le petit têtard est alors devenu une toute petite grenouille… albinos bien sûr!

Mais hier matin, malheureusement la petite grenouille a été retrouvée morte dans son terrarium.

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De la croissance du têtard

Tout d’abord, ce sont les pattes arrières puis avant qui apparaissent. Au climax de sa métamorphose, le têtard puise, de la résorption de sa queue, toute l’énergie nécessaire à sa transformation. À ce stade, il ne s’alimente pas du tout. Mais aussitôt la queue absorbée, la grenouille, alors complètement formée (avec des poumons notamment), doit trouver sa nourriture sous peine de mourir affamée.
Nous avions noté que notre petite grenouille paraissait de plus en plus faible et qu’elle ne s’alimentait pas. Nous avons tenté de lui donner de jeunes criquets, puis des petits vers de terre et même des moucherons de fruit.

Les spécimens albinos ont généralement une déficience de l’acuité visuelle et c’était probablement le cas de notre petite grenouille. Elle ne semblait pas voir suffisamment les proies pour les attrapper.
Même si les causes de son décès ne peuvent être clairement établies, Brandon pense qu’il s’agit d’une sous-alimentation.

Voici quelques clichés notre grenouille albinos :

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À savoir : L’albinisme est un phénomène rarissime, y compris chez les amphibiens.
Comme il est possible de voir partiellement à travers leur peau semi-transparente, une équipe de recherche de l’Institut de biologie des amphibiens de l’Université d’Hiroshima au Japon a étudié des specimens de grenouilles albinos. Les chercheurs sont parvenus à créer une grenouille transparente à partir de de grenouilles albinos !

Sachez également qu’il existe des grenouilles naturellement semi-translucides. Certaines, comme les « Glass frogs », vivent dans quelques forêts tropicales américaines et mesurent environ 3 cm de long.

Encore plus d’infos sur nos amies les grenouilles !

Quelle est la longueur de la langue d’une grenouille?

Lorsqu’elle est dans sa bouche, la langue est pliée. Quand la grenouille veut attraper une proie, elle déroule alors rapidement sa langue, dont la taille est environ égale au tiers de la longueur de son corps.
Toutes proprtions gardées, c’est comme si nous pouvions nous lécher le nombril !

Les grenouilles sont-elles caloriques?

Non. Avec 72 calories pour 100g, elles sont encore moins caloriques que la sole ou le blanc de poulet !

Le saviez-vous?

Pas plus d’une cinquantaine d’espèces sont comestibles par l’Homme.
La peau de la plupart des grenouilles contient des toxines qui leur servent de système de défense contre les prédateurs.
Et les peaux de quelques rares amphibiens sont réputées pour être hallucinogènes !

Comment dit-on « grenouille » à l’étranger?

En Italie : ranna
En Suède : groda
En Turquie : kurbaga
En Norvège : frosk
En Corée : kae-gu-ri
En Allemagne : der frosch
En Espagne : rana
En Thaïlande : gop
En Chine : qing wa
Au Vietnam : nhai

Sondage

Afin de mieux vous informer sur les amphibiens et sur les recherches que nous faisons au bio-laboratoire, nous vous soumettons un questionnaire sur le lien suivant :
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