Retour sur TRANSAT[Contamine] 2008
Introduction sur la session 2009
Par Edouard Arnaud, assistant de projet SAT[création]
Le projet « TRANSAT[contamine] » entend structurer et prolonger les échanges culturels et artistiques entre la communauté française de Belgique et le Québec en soutenant la diffusion en arts visuels et numériques. Transcultures (Mons) et la Société des arts technologiques SAT(Montréal) souhaitent mettre en relation des jeunes artistes de Walllonie-Bruxelles et du Québec avec des créateurs/chercheurs. La coopération vise à soutenir la création émergente et la diffusion ainsi que la visibilité de la création et de la recherche en arts visuels et numériques, favoriser le développement des organismes partenaires, soutenir la mobilité des populations artistiques, promouvoir la connaissance mutuelle des communautés et contribuer au rayonnement de la recherche en arts numériques. D’une durée de deux ans, le projet de collaboration privilégie trois axes d’intervention : les résidences de création et de recherche, la diffusion des productions et la publication. Le projet TRANSAT[contamine], échanges croisés entre Transcultures et la Société des arts technologiques est un projet qui s’inscrit dans la continuité du projet pilote réalisé en 2008 et dans l’offre de programmes de résidence de la SAT avec une volonté d’accueillir et de présenter des projets artistiques à caractère international. La contamination des idées, des processus de création, de l’interdisciplinarité et des champs de pratiques en art numérique prolonge l’influence créatrice apportée par les artistes de la communauté de la SAT dans différents projets externes.
Le projet TRANSAT[Contamine], initié dès 2007 par Philippe Franck, directeur fondateur de Transcultures, centre interdisciplinaire des cultures électroniques et sonores situé à Mons en Belgique, et Manon Oligny de la SAT, a connu sa première édition en 2008 : Manuel Chantre et Simon Laroche, du duo Popcore, en résidence à la SAT à l’époque, avaient pu vivre cette expérience en échange avec la Belgique. La SAT, quant à elle, recevait Philippe Franck et les membres du collectif MéTAmorphoZ avec leur performance audiovisuelle SPAM 2.0.
Le retour de cette mobilité artistique est donc prévu pour la semaine prochaine avec le départ à Mons de deux artistes montréalais : Francis Théberge et Guillaume Bourassa iront partager TRAME 01, leur projet commun, TRAME 00 ayant été présenté en mai 2009 au festival Elektra de Montréal. En retour, deux artistes belges se déplaceront à Montréal pour présenter leur projet respectif, aux artistes de la SAT autant qu’au public.
Le premier volet de TRANSAT[Contamine] 2008 s’était donc voué à la rencontre entre artistes québécois en provenance de la Société des arts technologiques de Montréal, et des artistes belges épaulés par Transcultures. Au delà de la possibilité donnée aux artistes et organismes de disposer d’une visibilité ou de sensibiliser le public aux pluralités des nouvelles pratiques en arts numériques lors de manifestations artistiques, le projet repose avant tout sur la mise en place d’un réseau d’échanges croisés entre collaborateurs artistiques. La « contamination positive », selon l’expression de Monique Savoie, est donc une opportunité à l’échange de connaissances et de savoir-faire.
La première expérience de TRANSAT[Contamine] a permis de conclure qu’il est tout à fait profitable pour Transcultures et pour la SAT de poursuivre ces échanges : chacun des partenaires peut tirer bénéfice tant de la circulation des oeuvres, du réseautage, des modes de publication écrite et vidéo que de la recherche et de la réflexion artistique sur les nouveaux langages et scénographies.
Cette année, le leitmotiv de « contamination positive » guidera de nouveau les échanges et les rencontres artistiques jusqu’en juin 2011. Celles-ci feront, comme l’année dernière, l’objet d’observations et d’analyses critiques, notamment à travers les entretiens entre Monique Savoie et Philippe Franck, sur les enjeux de cette « contamination » et les possibilités et opportunités qu’elle offre.
Association fondée en 1996 à Bruxelles pour promouvoir, questionner et développer les
interdisciplinarités artistiques et culturelles contemporaines, Transcultures est aujourd’hui un Centre interdisciplinaire des cultures électroniques et sonores nouvellement installé à Mons sur le site des anciens Abattoirs. Outre ses activités plurielles à l’année et un travail de diffusion de ses productions à l’international et de réflexion sur les enjeux arts/société/technologies, Transcultures coordonne des festivals internationaux et événements dédiés aux arts sonores et aux arts numériques.
Depuis 2003, Transcultures avec la Ville de Mons organise le festival des arts sonores City Sonics chaque été à Mons et dans d’autres villes associées (Maubeuge, Lille, Bruxelles,…) qui propose un itinéraire d’installations et de performances audio/hybrides dans l’espace urbain. Depuis 2005, Transcultures pilote en automne Les Transnumériques, festival des arts numériques et plate-forme des cultures électroniques qui associe de nombreux partenaires dans de nombreuses villes belges (Bruxelles, Mons, Liège) et françaises (Paris, Créteil, Evry, Enghien les Bains, Lille, Maubeuge).
Transcultures collabore avec de nombreux festivals, « think tank », workshop, manifestations et structures culturelles importantes à l’international, et est membre du Réseau des Arts Numériques (RAN) qui réunit une vingtaine d’opérateurs culturels et de laboratoires de recherche universitaire français, belges et européens, impliqués dans la création numérique. Transcultures édite également, en partenariat avec des maisons d’édition et de disques, des publications CDs, livres, DVD, hybrides, outils critiques monographiques ou thématiques.
Francis Théberge
Membre fondateur et président du groupe d’artistes à but non-lucratif TIND (thisisnotdesign).
Gradué en design de l’UQAM, ses premières créations en vidéo artistiques furent réalisées dans le cadre du festival « Dérapage » tenu à l’UQAM. Suite à sa participation et une bourse obtenue lors de « Vidéaste Recherché », il a participé à plusieurs festivals internationaux et fut invité à plusieurs reprises à présenter ses travaux.
Son oeuvre se compose de vidéo expérimentale utilisant le “film scratching”, la manipulation d’artéfact de compression, de vidéo analogue et numérique. Il se concentre particulièrement sur les liens rythmiques entre les images et la musique afin de créer des compositions très
énergiques et contrastées. Il s’adonne maintenant aussi à la création sonore qu’il intègre dans son travail vidéo. Cette nouvelle pratique donna lieu à la mise sur pied d’un nouveau groupe musical: TINM, THISISNOTMUSIC.
Il se spécialise dans la création vidéo, les performances de vjing, les installations interactives et les expérimentations en audiovisuel. Il est également impliqué dans certains événements culturels à Montréal tel Dérapage, Minute Moments, SAT, Mixsessions et autres.
Guillaume Bourassa
Explorateur de son depuis toujours, Guillaume Bourassa a eu la chance de grandir à l’époque d’une révolution musicale; la montée de la musique électronique. Fan avant tout, Guillaume a exploré plusieurs genres musicaux (punk, techno, d’n’b, industriel, noise, dubstep, électroacoustique…) sans jamais en délaisser un. Évoluer au sein de tant de diversité l’a poussé à devenir DJ (DJ Sexton, DJ Guillaume b.), promoteur/organisateur d’événements (RageDivision Production, Festival C.O.M.A. 1 à 4 et le projet Contained Noise) et surtout artiste sous plusieurs formes dont le duo [PerfectionPlastic] avec Sébastien Gravel. L’expérience accumulée, jumelée à une créativité débordante, ne peut que rendre l’exploration d’un projet tel que TRAME captivant.
Artiste/Technicien du son depuis plusieurs années à la [SAT], il a travaillé sur plus de quatre cents spectacles dans un contexte professionnel. Plus de quarante productions de spectacles et soirées sous RageDivision Production (sa compagnie de production à but non lucratif) et une trentaine de spectacles en tant que PerfectionPlastic [qp]. PerfectionPlastic [qp] existe maintenant depuis plus de six ans – quatre albums (dont le dernier Triomphe de la Matière sorti en 2008). Depuis 2008, il est un collaborateur permanent du festival montréalais Elektra et agit comme assistant directeur de production du festival.
Dans le cadre du projet [Contamine] lFrancis Théberge et Guillaume Bourassa ont accepté de placer leur projet « Trame » sur un modèle libre et ouvert comme base structurante au projet de collaboration entre les artistes Belges de Transcultures et québécois de la SAT.
Cette version du projet placée sous le sceau du « Creative Commons » se présente comme un laboratoire d’expérimentation avec les erreurs audiovisuelles. C’est un moment d’expérimentation en temps réel, basé sur les laboratoires de création que le groupe mène depuis sa création. Un mélange judicieux d’improvisations contrôlées, d’interventions préparées et d’erreurs maîtrisées.
TRAME 00, leur plus récente création‚ se présente comme un laboratoire d’expérimentation en temps réel où se rencontrent improvisations contrôlées‚ interventions préparées et erreurs maîtrisées à travers un détournement d’équipements parfois destinés à l’audio, mais ici utilisés pour la vidéo (pédales d’effet…). TRAME propose de nouvelles « techniques » et de nouvelles façon de créer, même de penser le contenu audiovisuel. En se démarquant du Vjing, TRAME est, selon Francis Théberge, le moyen de « présenter une oeuvre audiovisuelle complète, de créer une ambiance propre, de donner le ton voulu à la salle, de faire vivre le public quelque chose de plus intime, plus sensoriel et plus engageant – physiquement engageant – qu’un simple party ».