Rencontre avec Mourad Bennacer, créateur audio du court-métrage immersif “VISIT” présenté dans le cadre du SAT Fest 2018.
Le 9 janvier dernier, le SAT Fest lançait sa 5e édition. Chaque année, cette sélection de courts-métrages est présentée dans le dôme de la SAT pour mettre en lumière ce qu’il se fait de mieux en terme de projections immersives. Cette année, nous nous sommes attardés sur VISIT, une oeuvre pensée et créée par Mourad Bennacer et Sean Caruso, un duo d’artistes « made in Canada ».
Zoom sur la conception et la création de la bande sonore de l’œuvre avec Mourad. Grand fan de science-fiction et de bandes originales de film, l’artiste n’en est pas à son coup d’essai. « La SF est un très bon moyen pour faire le pont entre des sons naturels et des sons artificiels. Ça nous laisse beaucoup de liberté créative. »
Photo par Sébastien Roy
KUBRICK POUR INSPIRATION
À l’image des grands films comme Solaris et 2001 L’odyssée de l’espace (entres autres), VISIT se déroule dans l’espace, un environnement qu’on associe généralement à une ambiance froide. Un double enjeu puisque dans l’espace, sans air pour le transmettre, le son n’existe pas. « Par exemple, une explosion dans l’espace ne s’entend pas. Le but n’est donc de reproduire un son réaliste, mais de reproduire l’impression d’un son réaliste ». « Pour ne citer que lui, Kubrick est l’un des premiers réalisateurs à avoir poussé le réalisme scientifique aussi loin dans ses créations. La qualité, la justesse et la minutie de son travail me fascinent», ajoute Mourad.
LE SOUCI DU DÉTAIL
Et la précision ça le connaît. Mourad préfère, à juste titre, créer lui-même ses sons « plutôt que de les télécharger, puis de les retoucher ». C’est comme un jeu pour les grands dont il ne se lasse jamais. Armé de son outil appelé « Elektroslush », il capte un maximum de champs électriques afin d’en créer des banques de sons spécifiques et originales, « comme par exemple les sons qu’émet la station spatiale ».
Chaque élément de cette œuvre n’est pas anodin. La création d’un objet sonore avec un effet visuel d’immersion est bien spécifique. « Prenez par exemple le grand satellite qui frôle l’astronaute, il faut le faire ressentir en audio. La taille, la masse, la vitesse, tous ces paramètres sont importants à la création des sons », explique Mourad.
TROIS PHASES SONORES
L’intérêt musical de ce projet réside dans les trois phases narratives qui le composent. « Trois feuilles de son » plus précisément afin de créer un espace, une expérience immersive. La première phase est l’entrée en scène du satellite : une feuille de son plus « mécanique », ce qui justifie une composante plus électronique. La seconde phase est l’arrivée de ce dernier avec des sons plus organiques, des textures, des nappes qui durent. La troisième phase est consacrée à la créature imaginaire avec des sons plus « chirurgicaux » et plus fun. Quelque chose de plus gras, plus dark qui tend vers les influences neurofunk que Sean et Mourad ont envie d’explorer dans de futurs projets.
Les deux comparses peaufinent encore et toujours leur œuvre immersive. « Nous sommes proches de la version finale, mais deux workaholic ensemble… ce n’est pas toujours évident! », ironise Mourad. Toujours ce soucis du détail et de pousser leur production encore plus loin. Une version live serait d’ailleurs en projet…
Affaire à suivre !
► Voir la page web du SAT Fest 2018
► Voir le site officiel de Mourad
► Page Facebook de l’événement
Article par Yohann Goyat