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[DOSSIER] L'art de la Scénophonie

Alors que les formes d’immersion se multiplient, à l’instar de grand lieux dédié à l’immersion visuelle comme la sphère de Las Vegas, ou encore de pratiques visant à ajouter de l’interactivité dans les oeuvres artistiques, les outils pour spatialiser le son restent majoritairement centrés sur le casque, la stéréo ou des formats industriels tel que le surround. Or, de plus en plus d’artistes et de lieux culturels souhaitent expérimenter des formats différents pour répondre aux envies d’expériences immersives sonores des publics. 

En février 2024, nous avions présenté une esquisse des principes, dispositifs et orientations de recherche pour une approche dite scénophonique. Deux ans plus tard, voici les résultats de 12 mois de recherche et développement, grâce au financement du Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) pour développer et tester cette approche. La SAT, en collaboration avec PHI, MA Scène, Le Vivier et Sporobole, a développé une méthodologie souple, modulaire et collective de la spatialisation sonore intermédia, adaptée aux architectures complexes et aux expériences partagées. Cette approche, dite scénophonique, combine l’art de construire l’espace propre à la scénographie, et celui de modeler le son pour créer un environnement sensoriel immersif. À l’image d’un décor de scène qui transporte notre regard d’un bout à l’autre de l’action, ici, c’est le son qui fait partie intégrante du décor et de l’action. 

Le projet s’inscrit dans la mission du département d’innovation de la SAT d’accompagner le développement de technologies créatives au service de l’expérience collective. Par une approche collaborative orientée vers les milieux de pratique, le département d’innovation de la SAT explore des thématiques comme l’immersion intersensorielle, l’interactivité collective et la co-création, en collaboration avec des artistes, chercheurs·euse·s, studios et institutions culturelles.

Ce dossier permet de découvrir non seulement les outils développés en collaboration avec le Groupe de recherche en immersion spatiale (GRIS) et les méthodologies testées pour l’immersion sonore, mais aussi les perspectives offertes pour les milieux artistiques, les lieux de diffusion et les initiatives R&D qui cherchent des formats immersifs souples, adaptables et collaboratifs.

Ce dossier a été préparé par: 

  • Marek Blottière, chargé de projets de recherche et développement; 
  • David Ledoux, chercheur intégrateur & formateur en scénophonie;
  • Vincent Berthiaume, chercheur-développeur;
  • Guillaume Riou, développeur C++/Python/JS;
  • Sarah Al Mamoun, développeuse UI/UX multimédia; 
  • Pia Baltazar, directrice du développement arts-sciences;
  • Edu Meneses, directeur de la recherche; 
  • Jean-Michaël Celerier, directeur du développement technologique.

Présentation des partenaires du projet

Sporobole a choisi comme cas d’usage un concert de la série Points d’ouïe, réunissant les compositrices Erin Gee, France Jobin, Jessica Moss et le scénophoniste Andy Bourgeois (Sporobole), formé pour l’occasion. Dans le studio de son immersif de la SAT, elles ont travaillé avec David Ledoux, chercheur-intégrateur en immersion sonore et scénophonie, et Pia Baltazar, directrice du développement arts-sciences, afin d’analyser leurs approches créatives ainsi que les besoins techniques et scénophoniques.
PHI s’est concentré sur le travail de Jessica Moss autour de son nouvel album Unfolding. Composé exclusivement à partir de prises de son réalisées avec un dispositif entièrement analogique — violon, pédales de traitement et d’échantillonnage (loopers), amplificateurs de guitare électrique — cet album révèle un potentiel marqué pour la spatialisation étendue, bien au-delà du format stéréophonique. Par sa façon de créer des espaces sonores dans un cadre contraint, l'approche de l'artiste ouvrait la voie à une exploration élargie. Ce processus a été mené en collaboration avec David Ledoux (SAT) et Pia Baltazar, ainsi que Philippe Rochefort et Filipe Cretton (PHI). Cette démarche a également permis de réfléchir au rôle du “scénophoniste” et à la place qu’il occupe dans le continuum entre l’artistique et le technique, entre l’équipe de création et le lieu de diffusion.
Avec Le Vivier, nous avons accompagné Audréanne Filion, violoncelliste, compositrice et improvisatrice montréalaise. Elle travaille actuellement à la spatialisation de son album et prépare une commande pour quatuor à cordes, tout en se préparant à une échéance majeure : une résidence à l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM) à Paris en octobre 2025. Cet accompagnement lui a permis de s’initier à la spatialisation sonore et de se préparer concrètement à ces différentes étapes.
La collaboration avec MA scène nationale s’est déroulée autour de deux cas d’usage, dont le travail du collectif Wilding AI. Il consistait d'un accompagnement d’une composition collective, FERAL FREQUENCIES, développée lors d'une résidence de deux semaines au Laboratoire formes · ondes de l'Université de Montréal. Cette résidence de recherche-création a commencé par une présentation de SpatGRIS et de divers outils de spatialisation liés à l’IA, par les étudiant·e·s du professeur Dominic Thibault, et s’est terminée par la première diffusion de la composition dans la Satosphère, équipée d’un dôme de 93 haut-parleurs.

DÉCOUVREZ LES ARTICLES DE CE DOSSIER

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